InformationsPublié le 27 août 2025

Trésors de la BiG – l’Atelier 5 et l’architecture moderne

L’architecte franco-suisse Le Corbusier (1887-1965) a marqué l’architecture moderne dans le monde entier. Son esthétique a également influencé l’Atelier 5, un bureau d’architecture bernois, dont les constructions en béton, aux lignes claires et aux formes géométriques ont fait apparaître un genre nouveau dans la Suisse des années 1960. Des photographies issues des archives photographiques de Walter Rutishauser offrent un aperçu de ces créations.

Atelier 5 – Histoire d’un bureau d’architecture

Le style architectural et les réflexions sur l’urbanisme de Le Corbusier ont été une inspiration majeure pour l’Atelier 5, un bureau d’architecture fondé en 1955 par cinq jeunes architectes. Ces derniers se sont inspirés des enseignements de leur modèle et d’une certaine vision de la vieille ville de Berne pour développer des projets modernes. Les quartiers imaginés se distinguaient par leur conception dense associée à des espaces communs, qui contrastait avec les lotissements de maisons individuelles des années 1950 et 1960, peu économes en terrain, ou les quartiers d’immeubles anonymes.

En Suisse comme à l’étranger, l’Atelier 5 a réalisé des ouvrages publics et privés, effectuant des projets d’urbanisation et de transformation dans des milieux urbains et ruraux (Portfolio | Atelier 5), notamment :

  • le restaurant universitaire de Stuttgart-Vaihingen : ici, l’ensemble du bâtiment a été créé à partir d’une simple table à manger (1976)
  • l’agrandissement du musée des beaux-arts de Berne (1983)
  • l’agrandissement du bâtiment de la Caisse d’Epargne et de Prêts de Berne (1981/1995)
  • la transformation du siège de Crédit Suisse à Zurich (2011)
  • le quartier Rotherbaum à Hambourg (1998)
  • le bâtiment de la Hypovereinsbank au Luxembourg (2000)
  • le Prinz-Eugen-Park de Munich (2020)

Le bureau d’architecture, qui existe encore aujourd’hui, a connu un nombre variable de collaboratrices et de collaborateurs de tous horizons, en fonction des projets à réaliser ; en 1975, par exemple, jusqu’à 75 personnes y ont travaillé. Les projets étaient réalisés en équipe et signés Atelier 5, les architectes n’étant généralement pas nommés individuellement. Si le béton est resté le matériau de construction privilégié de l’Atelier 5, ce dernier s’est adapté au fil des changements de son époque et l’influence du style Le Corbusier, très marquée au début, s’est estompée avec le temps (Histoire | Atelier 5).

Les projets de l’Atelier 5 ont toujours été caractérisés par une réflexion approfondie sur la géographie et le contexte du quartier à créer. Contrairement à Le Corbusier, les architectes de l’Atelier 5 recherchaient des solutions adaptées à un environnement concret, et rejetaient les fioritures et les artifices formels. De plus, dans leurs quartiers, les lieux de vie privés et protégés étaient clairement séparés des espaces communs.

Les éléments architecturaux caractéristiques de l’Atelier 5 sont présentés ci-dessous, sur la base des quartiers de Flamatt 1, de Halen et de Thalmatt 1.

Les photographies ont été prises par le photographe de presse Walter Rutishauser, qui a vécu quelque temps dans un appartement du quartier de Flamatt 1 et dont les archives photographiques se trouvent à la Bibliothèque Am Guisanplatz. Une sélection d’images des constructions réalisées par l’Atelier 5 est disponible via le portail de recherche Alexandria (Walter Rutishauser - constructions Atelier 5 - Administration fédérale).

Flamatt 1

Le projet Flamatt 1, situé dans la Neueneggstrasse à Flamatt, a été réalisé entre 1957 et 1958, notamment pour Rolf Hesterberg, cofondateur de l'Atelier 5. Six appartements étroits, semblables à des maisons mitoyennes, forment un bloc en béton apparent. Ce dernier a été utilisé comme matériau pour les murs, les plafonds, les escaliers des appartements, et même pour certaines parties de l'équipement de cuisine et des étagères. Le plan ouvert de l'étage destiné à l’habitation [TB1] était novateur, et des portes coulissantes permettaient une répartition flexible des chambres d'enfants. Les jardins sur le toit, la conception des façades et les pilotis rappellent certains des cinq points de l'architecture moderne de Le Corbusier. Nombreux sont ceux à avoir été choqués par ce bâtiment, dont la forme brute ne ressemblait guère aux maisons typiques de l’époque.

«Halen»

Le quartier de Halen se compose de 78 maisons construites entre 1955 et 1961 dans une clairière de Herrenschwanden, dans la banlieue de Berne. À une époque où ce type de terrain était plutôt réservé aux maisons individuelles, un tel projet de construction très compacte a provoqué le désarroi de nombreuses personnes. La vente sur plan a été difficile, et ce n'est que grâce à l'entrepreneur zurichois Ernst Göhner que le quartier de Halen a pu voir le jour. Là encore, le béton a été choisi comme principal matériau. Quant à la séparation entre les espaces communs et privés, elle est particulièrement remarquable : les unités d’habitations et les jardins ne sont pas visibles par les voisins, tandis que les espaces communs servent de lieux de rencontre. L'organisation juridique de ces derniers, qui comprennent une piscine, une aire de jeux et un garage, était novatrice, car tous les propriétaires en acquéraient la même part.

Le quartier de Halen est devenu un lieu de pèlerinage pour un grand nombre d’étudiantes et d’étudiants en architecture venus du monde entier, mais il est resté une horreur architecturale pour de nombreux contemporains, qui le qualifiaient de clapier, d’auge à cochon ou encore de désert de béton. Avec le recul, les enfants ayant grandi dans ce quartier considèrent ce lieu de vie comme un facteur important de leur identité. En effet, s’ils ont éprouvé un sentiment d'appartenance dans les espaces communs

«Thalmatt 1»

Contrairement à Halen, les logements du quartier de Thalmatt 1 (construit entre 1967 et 1974) à Herrenschwanden, près de Berne, ont pu être aménagés individuellement selon les besoins et les moyens financiers des locataires, reflétant ainsi la diversité de la société. Les architectes de l'Atelier 5 ont déployé des efforts considérables pour donner aux 18 maisons une structure cohérente ; le béton, employé comme matériau extérieur, et les fenêtres identiques de chacune des maisons ont permis de maintenir une apparence homogène. Ici aussi, les espaces communs offrent des possibilités de rencontre, tandis que la sphère privée reste à l'abri des regards.

Impressions des quartiers

Les ravages du temps

Le mode de construction novateur des années 1960, caractérisé par des toits plats et une utilisation importante du béton, s’est souvent révélé vulnérable à l’usure. Dans le quartier de Halen, des travaux de réfection du béton, de réparation des dégâts causés par l’eau et de rénovation des toits plats ont dû être effectués à plusieurs reprises vers 2009. La consommation élevée de mazout a pu être réduite grâce à une isolation renforcée des toits et des murs, ainsi qu’à l’installation de fenêtres à triple vitrage. À l’heure actuelle, de nouveaux matériaux et des avancées techniques permettent de recourir à des modes de construction plus économes en énergie, dont l’Atelier 5 ne disposait pas à l’époque. Les quartiers de Halen et de Thalmatt sont classés monuments historiques depuis 2003.

Recommandations bibliographiques de la BiG et liens complémentaires :

Photographies de Walter Rutishauser consacrées à l’architecture de l’Atelier 5

Atelier 5

Architecture, construction en béton

Le Corbusier

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CH - 3003 Berne